dimanche 12 octobre 2008

Johann Sebastian Bach, Variations canoniques (BWV 769)

Johann Sebastian Bach, né le 21 mars 1685 et mort le 28 juillet 1750, est une figure marquante de la musique baroque. Notamment en tant que compositeur, il a eu une influence indéniable sur le développement de la musique occidentale. Son catalogue, qui comprend plus de 1000 œuvres, est rempli de pièces très variées, autant vocales qu’instrumentales . Dans les dernières de sa vie, il a composé une œuvre instrumentale qui ne figure pas parmi ses plus populaires, mais qui vaut sans aucun doute la peine d’être connue, les Variations canoniques.

Composée dans la dernière décennie de sa vie, tout comme les Variations Goldberg, l’Art de la fugue et l’Offrande musicale, l’objectif de Bach en créant les Variations canoniques était de se rapprocher de la musique et de son côté théorique, voire mathématique. Durant une bonne partie de sa vie, Bach avait l’habitude de composer ses œuvres pour un public précis, pour un concert particulier, mais pour les Variations canoniques, il ne se préoccupait pas de ce que le public penserait.

« All these projects spring from the same intention : his desire to articulate and summarize the essentials of his work. The result are cycles that go to the root of one particular subject, that demonstrate the richness of music through the use of one model theme. (…) Here his thinking comes explicitly from the music itself. This is the context of Stefan Kunze’s idea that in Bach’s late cycles, music is now dealing only with itself, and no longer with its connection to the world. Of course Bach does not write his late cycles in a completely asocial context; but he is composing less for an audience interested in a specific genre than for a virtual public as the heirs to his musical legacy. » (1)

D’ailleurs, c’est à la suite de son admission à la Société des sciences musicales dirigée par Johann Lorenz Mizler, qu’il composa entre autres les Variations canoniques. Cette société avait pour but de développer le côté scientifique, mathématique de la musique, ce qui stimula Bach créativement. Il est donc compréhensible que cette œuvre n’ait pas connu le succès populaire de ses œuvres précédentes, car sa complexité la rend un peu moins accessible au grand public. Cependant, l’œuvre fut très appréciée par plusieurs experts.

« En ce premier ouvrage de "science musicale" qu’il offre à la Société Mizler, il procède à une dissertation philosophique et sonore, prononçant en musique un nouveau discours de la méthode, comme il s’y est engagé. (…) Lente gestation, dont témoignent plusieurs états différents, et des modifications dans l’ordre – toujours logique, cependant- des morceaux constitutifs. Pas d’énigme, ici, mais une suite de variations en canon, entièrement écrites, se succédant en progression de complexité croissante. » (2)

Il est également intéressant de noter que dans cette œuvre, Bach a utilisé le motif Bach. Ce motif est constitué des notes : Si bémol - La - Do - Si bécarre, ce qui donne BACH en notation allemande.

(1):
Martin Geck, Johann Sebastian Bach, Life And Work, Harcourt Inc, 2006, p. 608

(2): Gilles Cantagrel, Le moulin et la rivière: Air et variations sur Bach, Fayard, 1998, p.500

Mozart, Symphonie concertante (K. 364 ou K. 320d)

Wolfgang Amadeuz Mozart (27 janvier 1756 – 5 décembre 1791) est considéré comme un des plus grands compositeurs de la musique classique. Comme Bach, qui fut d’ailleurs une influence pour lui, Mozart a créé un grand nombre de pièces qui touchaient à plusieurs styles différents. Il composa entre autres plus de 40 symphonies, donc la Symphonie concertante pour violon, alto et orchestre, en Mi bémol.

Bien que cet œuvre soit non datée, on estime qu’elle a été composée en 1779. Quelques années auparavant, il avait quitté sa ville natale, Salzbourg, et il parcourait plusieurs villes en Europe pour se trouver du travail. On ignore donc à qui était destinée cet œuvre. « On ne sait pas non plus à quel public elle était destinée, à celui de Salzbourg ou à celui de Mannheim. Dans le premier cas, elle dut étonner et sans doute choquer les auditeurs par la nouveauté de ses accents. » (3)

« Dans la Sérénade et le Divertimento nous avons vu réapparaître, de façon plus contrastée encore qu’à Paris, les alternances de la gaieté insouciante avec le plus sombre désespoir. Or voici que surgit, en cette même période, une œuvre monumentale où cette alternance est rompue en faveur de l’expression quasi constante de la douleur; même la relative détente du Presto final est, si l’on peut dire, tendu… En cela cette œuvre contraste non seulement sur celles de 1779, mais sur la production mozartienne tout entière : on peut dire que c’est une pièce unique en son genre et en son style. » (4)

Plusieurs considèrent que cet œuvre est très différente du reste du répertoire de Mozart, notamment au niveau des thèmes, qui sont moins mélodiques qu’à l’habitude. Il utilise également quelques techniques de composition de manière unique et originale.

« Dans aucune autre œuvre Mozart n’utilisera autant qu’en celle-ci le procédé des échos (…) L’usage de tels procédés n’avait en soi rien d’étonnant, car la « symphonie concertante » était alors sentie comme un genre typiquement « galant »; mais ce qui est stupéfiant, c’est que l’emploi de cette écriture aboutit à une expression aussi peu « galante » que possible! Ajoutons à cela l’utilisation, dans le prélude symphonique, d’un procédé auquel Mozart n’a eu recours que rarement : un effet très puissant et presque grandiloquent de crescendo mannheimien sur la montée d’un thème trillé.» (5)

Malheureusement, le manuscrit original a été perdu, et il n’y a aucune référence à cet œuvre dans les documents du temps de Mozart, ou dans ses correspondances avec sa famille. « All that survives are a few leaves with texts and sketches for the cadenzas and an early draft of the close of the first movement. » (6)


(3): Jean-Victor Hocquart, Mozart, l'amour, la mort, Librairie Séguin, 1987, p.257

(4): Idem 3

(5): Idem 3

(6): Stanley Sadie, Mozart, The Early Years, W.W. Norton, 2005, p.507